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Jean-Baptiste Bernadet creates within each canvas an atmospheric cosmos, in which nature, emotion, and psyche take center stage. They oscillate somewhere between abstraction and landscape painting he creates worlds in which a landscape, its unique memory, and the imagination interact, directed by the eye and the mind. In Bernadet’s work, the gaze, insistent and fleeting, melancholy and celebratory, fuses with feeling, envisioned as a suite of emotions, a patchwork of romantic reminiscences and introspections, rapturous exhilaration kindled by the passage of time.
“Champagne Palette Feelings” presents works by Jean-Baptiste Bernadet, Claire Decet, and Guillaume Gelot in four sections. These artists cover the entire spectrum ranging from figuration to abstraction, and fifteen paintings will be shown sequentially in groups.
Jean-Baptiste Bernadet (1978, lives and works in Brussels) creates within each canvas an atmospheric cosmos, in which nature, emotion, and the psyche take center stage. They In these paintings, which oscillate somewhere between abstraction and landscape painting, he creates worlds in which a landscape, its unique memory, and the imagination interact, directed by the eye and the mind. In Bernadet’s work, the gaze, insistent and fleeting, melancholy and celebratory, fuses with feeling, envisioned as a suite of emotions, a patchwork of romantic reminiscences and introspections, a rapturous exhilaration kindled by the passage of time.
To understand the work of Claire Decet (1978, lives and works in Hettange-Grande), the viewer must recognize its consistency. Beyond the strong appeal of her meticulous and thorough oil painting technique, inspired by the classical fields of painting, her subjects are systematically varied. The serial nature of her motifs, whose colors alone change, like the color variations in a prickly pear, has a noticeable effect on perception. These paintings are accompanied by palette-paintings in the same color range. Blurrier and without technique, they emphasize the importance of the paint itself, which can be interpreted as an escape route, a space for the eye to see freely, or a tendency toward abstraction.
The paintings of Guillaume Gelot (1983, lives and works in Paris) are bicolored and produced on shaped canvases, with a simple and structured visual language. Evoking radical, minimalist abstraction, these black grids, which seem to be the product of a computer program or a mechanical application, are nevertheless produced by hand, without tape, requiring concentration and a steady hand. The eye can quickly take them in because of their simple shapes, but their titles, while not descriptive, endow them with more life and allow them to take root in the heart.
Together, these three contemporary artists show the full scope of possibilities that exist between what is commonly called abstraction and figuration — easy, convenient terms which, as we see here, do not serve to describe exactly what we are looking at. Meticulous painting of still lifes, which, by its obsession and desire to be faithful to the real becomes objective and sur-real, and which is displayed alongside the palettes used to produce it. Geometrical painting, with a mechanical appearance, whose frontal approach, according to the artist, must be light and calm like that of a cat, a quality that can also be applied to its creation and which makes it, in fact, very human. Atmospheric painting, vague and blurry, which manifests a multitude of images resembling memories, both intense and elusive.
FR
L’exposition 'Champagne Palette Feelings' présente en quatre temps les œuvres de Jean-Baptiste Bernadet, Claire Decet et Guillaume Gelot qui à eux trois couvrent l'ensemble du spectre qui va de la figuration à l'abstraction. Une quinzaine de peintures seront successivement montrées par groupes.
Jean-Baptiste Bernadet (1978, vit et travaille à Bruxelles) construit dans ses peintures des cosmos atmosphériques où la nature, le sentiment et la psyché occupent les premiers rôles. Dans un entre-deux raffiné balisé par l'abstraction et la peinture de paysage, il crée des mondes à l'intérieur desquels un paysage, son souvenir singulier et l'imaginaire ont tissé des interactions conduites par l’œil et l'esprit. Chez Jean-Baptiste Bernadet, le regard, à la fois fugitif et persistant, mélancolique et jubilatoire, rejoint le sentiment, ici envisagé comme une suite d'émotions, une marqueterie de réminiscences et d'introspections romantiques, de vertiges insufflés par la fuite du temps.
Pour comprendre l’œuvre de Claire Decet (1978, vit et travaille à Hettange-Grande), c’est par sa constance qu’il faut l’aborder. Au-delà de l’effet de séduction de sa technique de la peinture à l’huile, minutieuse, rigoureuse, qui s’inspire des champs classiques de la peinture, les sujets s’y déclinent de façon systématique. La sérialité de ses motifs dont seules les couleurs changent, comme les variations de couleurs d’une figue de Barbarie, agit sensiblement sur la perception. Ces tableaux s’accompagnent de palettes-peintures de la même gamme chromatique. Plus floues, sans technique, elles soulignent l’importance de la matière, qu’on peut interpréter comme une échappatoire, un espace de liberté au regard, une tendance à l’abstraction.
Les peintures de Guillaume Gelot (1983, vit et travaille à Paris) sont bicolores et réalisées sur des shaped canvases, au langage visuel simple et organisé. Évoquant une abstraction radicale et minimale, les grilles noires, qui semblent le produit d’un logiciel informatique ou d’une application mécanique, sont pourtant réalisées à la main, sans scotch, exigeant de la concentration et une main ferme. Le regard peut s’y porter rapidement grâce à la simplicité de leurs formes mais leurs titres, sans être descriptifs, leur offrent plus de vie et permettent de les ancrer dans le cœur.
Réunis, ces trois artistes contemporains montrent toute l’étendue des possibles qui existent entre ce qui est communément appelé l’abstraction et la figuration, qui sont des dénominations faciles et commodes mais dont on voit bien ici qu’elles ne permettent pas de décrire justement ce que l’on regarde. Une peinture minutieuse, de nature morte, qui par son obsession et sa volonté de fidélité au réel devient objective et sur-réelle, et qui est mise au même plan que les palettes ayant servi à sa réalisation. Une peinture géométrique, apparemment mécanique, dont la frontalité, selon les mots de l’artiste, doit être légère et calme comme celle d’un chat, qualité qui s’applique aussi à leur facture et la rend au contraire très humaine. Une peinture atmosphérique, imprécise et floue, qui déploie une multitude d’images semblables à des souvenirs, à la fois intenses et fuyants.
Texts — The Wall, Champagne Palette Feelings, Almine Rech December 2022